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samedi 25 mai 2024

La dure réalité de l’emploi dans les secteurs les plus touchés par la Covid

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Les secteurs de la santé, du transport, de l’hôtellerie-restauration, du tourisme et du commerce de détail ont été parmi les plus touchés par la pandémie de la Covid. Alors que la situation sanitaire semble actuellement stabilisée, des difficultés de recrutement particulièrement importantes demeurent dans ces secteurs, dans un contexte de marché de l’emploi en tension et de pénurie de candidats ou de vocations. La dernière étude de Curious Industry pour Indeed a permis d’interroger les professionnels de ces secteurs, en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada, pour mieux comprendre ce qui faisait défaut dans leur travail actuel. En voici les principaux enseignements pour la France.

Pourquoi cette chute d’attractivité ? À quoi aspirent les travailleurs aujourd’hui, en particulier dans ces secteurs ? L’hôtellerie-restauration et le commerce de détail sont les secteurs où l’attractivité des offres d’emploi a le plus chuté. Les deux graphiques ci-contre proviennent des données d’Indeed France sur les secteurs évoqués, et offrent une vision comparative du volume d’offres sur Indeed entre février 2020 et mars 2023, ainsi que des clics par annonce relative sur cette même période, ce qui constitue un indicateur d’attractivité des offres pour ces secteurs. C’est dans l’hôtellerie-restauration et le commerce de détail que l’attractivité est la plus préoccupante, puisqu’elle n’a cessé d’être inférieure à son niveau de prépandémie depuis l’été 2021, au sortir du troisième confinement en France. Au moment même où une forte reprise économique du secteur s’est amorcée, les candidats n’étaient plus au rendez-vous, ayant saisi l’opportunité des confinements pour réorienter leur carrière.

Le coup de grâce aux vocations médicales
Dans le secteur du transport, la courbe du volume des offres a suivi de près celle de l’hôtellerie-restauration en 2020, puis a dépassé son niveau de prépandémie à la mi-2021, croissant continuellement jusqu’à fin 2022. Pour autant, la courbe des clics par annonce relatifs met en lumière une attractivité instable, en dents de scie. La problématique dans la santé est différente, puisque le secteur n’a connu aucune baisse d’activité — bien au contraire — pendant la crise sanitaire. La pandémie a plutôt donné le coup de grâce aux vocations médicales, déjà en déclin avant 2020, en continuant de perturber l’organisation des services et des ressources et en rendant ces métiers encore plus durs à vivre qu’avant. L’équilibre offre-demande de l’emploi dans la santé et les services à la personne est aujourd’hui très alarmant, une désaffection progressive étant également constatée dans les organismes qui forment à ces métiers.

Hôtellerie-restauration, tourisme et retail : désertion à la première frustration
Ces secteurs illustrent particulièrement bien les nouvelles attentes et nouveaux comportements des employés et chercheurs d’emploi, les fameuses tendances à démissionner rapidement en cas d’insatisfaction ou de divergence avec l’employeur. Par ricochet du manque de candidats, ceux qui se présentent sont particulièrement attendus et nécessaires et disposent donc d’une latitude plus grande qu’avant pour exprimer leurs attentes vis-à-vis du poste. Le turnover y est le plus élevé (les salariés partent en moyenne après une période entre six mois et un an), et 30 % ont fait part de leur souhait de ne plus travailler dans ces secteurs. Les rémunérations globalement faibles — 70 % des répondants touchent moins de 30 000 euros par an — assorties d’horaires très contraignants et fatigants, contribuent à faire de ces métiers des « parenthèses » plutôt que de vraies carrières. L’étude explique même que la menace de l’inflation ou d’une récession économique ne semble pas freiner les employés à abandonner leur travail, auquel ils sont globalement très peu attachés : 51 % des professionnels expliquent qu’ils aimeraient en priorité un salaire plus élevé et 35 % souhaiteraient de meilleurs avantages.

Transport et logistique : rudesse des interactions et recherche de contrats courts
Les aspirations des professionnels du transport et de la logistique ont totalement évolué au gré des confinements successifs, qui ont permis aux salariés de passer beaucoup plus de temps avec leurs proches ainsi que dans des activités qui les épanouissaient. Nombreux sont les métiers de ce secteur qui imposent des horaires et des distances géographiques difficilement compatibles avec la vie de famille, et les confinements ont été de véritables déclics à ce sujet pour les travailleurs. Ils réclament désormais des horaires plus cadrés et recherchent autant que possible des missions locales afin de bénéficier de temps personnel pour leurs proches et leurs activités. Le manque de considération voire de respect des employeurs envers leurs salariés a beaucoup été évoqué par les Français sondés, qui observent également un dialogue compliqué avec leur hiérarchie, par exemple en essuyant des refus lorsqu’ils souhaitent télétravailler alors que leur métier est compatible avec ce mode de travail. Les salariés sont particulièrement désengagés affectivement, tissant des liens ponctuels et « alimentaires » avec les entreprises et cherchant surtout des missions à durée déterminée.

TRANSPORT ET LOGISTIQUE
70 % des profils souhaitant changer de travail ont entre 35 ans et 54 ans, des âges normalement moins concernés par ces aspirations.
40 % considèrent qu’avoir davantage de congés payés les inciterait à rester dans leur travail actuel.
33 % réclament des formations pour leur permettre d’évoluer dans leur carrière.
49 % scrutent en priorité les offres d’emploi qui leur offriraient un meilleur salaire, argument de taille quand 59 % d’entre eux gagnent moins de 30 000 € par an.

Santé : perte de sens et d’espoir de travailler dans des conditions acceptables
Le compte-rendu de l’étude indique que c’est en France que les travailleurs de la santé ont le plus fait part de leur pessimisme et de leur désespoir. La charge de travail à la limite de l’acceptable physiquement et psychologiquement, avec des horaires larges et parfois très contraignants, ont fait disparaître la passion qui animait de nombreux professionnels ainsi que l’esprit d’équipe nécessaire dans des structures comme les hôpitaux ou les maisons de santé. Les personnes interrogées ont beaucoup rapporté l’exode des salariés du public vers le privé, au détriment de très nombreux patients laissés à l’abandon.

SANTÉ

40 % des salariés indiquent que des horaires plus flexibles et des conditions de travail plus propices à une bonne santé sont ce qu’ils recherchent en priorité dans une nouvelle mission.

22 % citent la pandémie de Covid comme déclencheur principal de leur envie de changer d’emploi (le taux le plus haut des 5 pays de l’étude).

11 % affirment que leur mission actuelle ne correspond pas au descriptif de poste sur la base duquel ils ont été recrutés.

Pour 48 % de ces professionnels, l’argument le plus convaincant pour les faire rester dans leur travail serait de leur offrir davantage de congés payés

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