La deuxième édition de Foodorama, salon organisé par l’accélérateur Service Compris pour propulser l’entrepreneuriat dans la « food » , s’est déroulée les 16 et 17 mars à Paris. À cette occasion, le premier baromètre de l’entrepreneuriat dans la « food » a été dévoilé.
Pour dresser le portrait-robot du nouvel entrepreneur de la « food » et son évolution ces dernières années, les organisateurs de Foodorama ont analysé plus de 900 candidatures de porteurs de projets dans la restauration et les commerces de bouche, reçues entre 2018 et 2024. Parmi les entrepreneurs du secteur, on observe très peu de profils en sortie de scolarité ou d’études supérieures. La majorité des candidats a plus de 25 ans. L’âge médian est de 34 ans. Ces restaurateurs prennent donc plutôt le parti d’entreprendre après quelques années de carrière professionnelle. Finance, marketing, communication… : certains secteurs sont fortement pourvoyeurs de futurs « food-entrepreneurs » .
Une majorité de reconvertis
Bien que la tendance ralentisse légèrement, les entrepreneurs de la food sont donc encore majoritairement reconvertis : 64 % d’entre eux entreprennent pour la première fois avec le projet d’ouvrir leur tout premier établissement. Ils étaient 83 % en 2018. On observe chez les restaurateurs déjà en place un besoin d’accompagnement grandissant, bien qu’ils aient déjà ouvert un ou plusieurs lieux. Une conséquence directe de la complexification des enjeux dans le secteur, comme d’une plus grande facilité pour ces entrepreneurs à assumer leurs lacunes, besoins ou difficultés.
Très peu d’entrepreneurs avec un bagage culinaire
Être formé au métier de cuisinier (titulaire d’un CAP ou issu d’une formation culinaire ou hôtelière) n’est pas un prérequis indispensable pour créer son restaurant. Moins de 10 % des food-entrepreneurs disposent d’un diplôme ou d’une expérience probante en cuisine. Si la cuisine reste au cœur des nouveaux concepts, cela n’est donc pas pour autant synonyme d’entrepreneurs en cuisine.
Des projets plus ambitieux
On observe par ailleurs des coûts de lancement en forte hausse sur le secteur. Le besoin de financement moyen pour une première affaire est passé de 200 000 € en 2018 à 332 000 € en 2024 (soit +66 % en six ans). Cette augmentation s’explique notamment par une inflation durable et généralisée ces dernières années, mais aussi et surtout par une tendance à vouloir faire naître des projets plus ambitieux. Les entrepreneurs sont donc aujourd’hui, plus qu’auparavant, en recherche d’investisseurs et d’un accompagnement plus structuré, notamment autour des risques financiers.
L’entrepreneuriat dans la restauration se féminise
On observe aujourd’hui une quasi-parité parmi les néo-entrepreneurs avec de femmes contre 49,8 % d’hommes. Cela s’explique notamment par une féminisation progressive du métier, mais aussi de l’entrepreneuriat au sens large. Parmi les femmes food-entrepreneures à succès, on peut citer Myriam Sabet, fondatrice des pâtisseries parisiennes Maison Aleph, Jade Frommer, cofondatrice du restaurant immersif Ephemera, Alice Tuyet, à l’origine du bistrot parisien immersif Faubourg Daimant, ou encore Céline Chung, à la tête des restaurants Bao Family.
L’attrait pour les cuisines du monde
Là où, en 2018, beaucoup d’entrepreneurs se concentraient sur une cuisine française revisitée, la tendance est désormais aux cuisines du monde. Parmi les types de cuisine les plus fréquemment choisis par les entrepreneurs du secteur, la cuisine italienne et la cuisine asiatique. On observe aussi un attrait ces derniers mois pour les restaurations indienne et méditerranéenne, qui sortent des clichés et se voient ainsi glamourisées.
Des lieux hybrides, axés sur la convivialité
Parce que le secteur est exigeant et que la concurrence est rude, on observe de plus en plus une volonté chez les food-entrepreneurs de proposer des expériences et concepts différenciants. Ainsi, là où les modèles d’établissements les plus fréquents en 2018 se concentraient sur la restauration rapide et l’épicerie, on voit désormais émerger davantage de lieux de convivialité, regroupant tout à la fois restauration, vente à emporter, programmation événementielle, etc.
La scène food s’élargit
Si les ouvertures d’établissements se sont longtemps concentrées sur la capitale et le sud de la France, on observe une forte hausse des projets dans des villes comme Lille ou Nantes qui deviennent, en plus de Paris, très dynamiques en termes de concepts et d’expériences food.
La quête d’une nouvelle vie
« Fatigués des bullshit jobs, les cadres urbains sont à la recherche de contact humain, de responsabilisation, de retour à des relations simplifiées et d’un quotidien empreint d’une conscience écologique grandissante. L’entrepreneuriat dans la restauration leur offre une opportunité concrète d’allier hospitalité, créativité, lien social et gestion d’entreprise. Et bien que le secteur soit exigeant, il offre également la satisfaction de créer quelque chose de concret et d’impactant au sein d’une communauté locale, tout en s’affranchissant des hiérarchies et frustrations pesantes du salariat », explique Romain Amblard, cofondateur et CEO de Service Compris et organisateur du salon Foodorama.