Appelant à « dépasser les images désuètes sur Madagascar », les intervenants de la Journée Pays Madagascar organisée fin mars à Saint-Denis par le Club Export et l’ADIR affirment que les conditions sont aujourd’hui réunies pour permettre d’investir dans la durée chez notre grand voisin.
La salle était remplie le 31 mai pour écouter attentivement les différents intervenants venus plaider la cause de l’investissement à Madagascar. Car, pour eux, et en dépit d’échanges francs qui n’ont pas occulté les difficultés qui persistent, il n’y a pas de doute : c’est maintenant qu’il faut y aller. Une autre image de Madagascar est ressortie de cette journée d’informations. Au-delà de la conjoncture – la levée des restrictions aux échanges liées à la crise de la Covid – le climat général régnant à Madagascar serait désormais favorable à l’investissement. Fini le temps de l’aventure, « le pays est mûr, on peut compter sur l’Etat, la liberté d’entreprendre est appréciable » a notamment jugé Hervé Magnat, depuis 1991 à Madagascar où il dirige des entreprises de prestations de service, dont du conseil aux investisseurs souhaitant s’implanter sur la Grande Île. Neuf cent mille naissances par an, 28 millions d’habitants (53 millions attendus en 2050). Quatre millions d’habitants dans le grand Antananarivo, une des plus grandes métropoles africaines. Un taux de croissance de 4 % l’an avant la crise sanitaire. La classe éduquée augmente, la main-d’oeuvre qualifiée également, l’industrie agroalimentaire se développe. Animé par de multiples projets, le secteur privé est dynamique, l’environnement financier favorable, etc. Les arguments ne manquent pas qui semblent indiquer que Madagascar, l’un des pays les plus pauvres du monde, est néanmoins en train de franchir un seuil économique. Le Club Export et l’ADIR invitent à regarder autrement le pays et son marché. Investir veut dire également participer au développement du pays.
Quels besoins et quels risques ?
L’immobilier a le vent en poupe actuellement à Madagascar. Parmi les besoins et les opportunités d’investissement offerts par le pays, ont été cité les secteurs suivants : la grande distribution, les centres d’appel, la formation, le forage, les transport, les assurances, l’agroalimentaire, les petits projets miniers, l’économie bleue, la pharmacie, les cosmétiques, le textile, les services aux entreprises, etc. Sans oublier le tourisme qui s’est effondré avec la fermeture des frontières malgaches : de nombreux établissements sont à vendre. Le manque de compétences, source de débouchés aux entreprises de formation, a mis en avant. Aux opportunités privées s’ajoutent les programmes de construction et de production d’énergie où les partenariats public-privé sont recherchés par l’Etat malgache. Quant à la sécurisation des investissements, elle semble possible dans le périmètre du secteur économique formel. Hervé Magnat a néanmoins invité les candidats à l’investissement à Madagascar à ne pas se lancer isolés et à se rapprocher des syndicats professionnels qui se sont créés pour structurer et représenter les intérêts du secteur industriel.
Quelles relations économiques entre les îles ?
Le président de l’ADIR, Daniel Moreau, a souligné combien la crise sanitaire, avec ses conséquences sur l’approvisionnement de la Réunion, rend d’actualité la problématique de l’approvisionnement régional en matières premières. C’est un nouvel argument en faveur des échanges, en particulier entre Madagascar, grande terre agricole, et la Réunion. Cependant, si la notion de co-développement régional est séduisante, la question demeure de savoir qui ferait quoi dans un développement plus coordonné entre les îles. Madagascar ne se voit pas seulement en fournisseur de matières premières, comme l’a rappelé le président du Syndicat des Industries de Madagascar (SIM), Hassim Amiraly. Evoquant le « passé industriel » de Madagascar des années 70, citant les chiffres d’importation des aliments de base qui pourraient être produits à Madagascar (plus de 250 000 tonnes de maïs, 150 000 tonnes de sucre, 120 000 tonnes d’huile alimentaire), il a estimé qu’il fallait « parler aujourd’hui de réindustrialisation ».