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mercredi 24 avril 2024

Le label équitable Fairtrade Max Havelaar s’ouvre aux producteurs français

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Garantie de meilleure rémunération, accompagnement vers une agriculture durable, contribution au maintien de territoires ruraux : l’ONG Max Havelaar France présente un nouveau dispositif de certification innovant pour soutenir les producteurs français les plus fragiles économiquement dans les filières lait et blé.

Tout travail mérite salaire : or le métier d’agriculteur ne garantit même plus le salaire minium français. Pire, un tiers des agriculteurs perçoit moins de 350 euros de revenu d’exploitation. La pandémie a permis une prise de conscience des Français. Selon un sondage OpinionWay inédit, si le Made in France est toujours plébiscité (62 %), ils sont désormais 53 % à réclamer le respect d’un prix payé aux agriculteurs qui couvre leurs coûts de production et 81 % déclarent avoir agi à leur échelle pour soutenir l’agriculture hexagonale depuis le début de la crise. Alors que le gouvernement, dans une prochaine loi EGALIM 2, se penche sur ce mécanisme central du prix payé aux agriculteurs, outil par excellence du commerce équitable, Max Havelaar présente un nouveau dispositif de certification destiné aux producteurs français des filières lait et blé. Fondé il y a 30 ans pour soutenir les producteurs vulnérables d’Amérique Latine, d’Afrique et d’Asie, le mouvement Fairtrade Max Havelaar constate en effet que la détresse des agriculteurs n’est plus seulement la réalité des autres. Fairtrade Max Havelaar s’engage aujourd’hui sur les filières françaises de blé et lait grâce à une méthode inédite de fixation du prix garanti en fonction du territoire et d’un objectif chiffré de revenu. La traditionnelle prime collective propre au commerce équitable, l’éligibilité automatique en cas de conversion vers le bio et un cahier des charges compatible Haute Valeur Environnementale-HVE, seront des outils d’accompagnement vers une agriculture durable. L’approche territoriale et l’éligibilité des jeunes en installation contribueront au maintien de l’activité agricole dans les territoires en déprise. Cette innovation est expérimentée sur le marché français et le dialogue est ouvert au niveau européen.

Des produits français équitables Max Havelaar

« En s’engageant dans la certification Produits laitiers équitables Max Havelaar, notre objectif est d’obtenir pour la filière lait Charentes-Poitou une valorisation décente, pour mieux rémunérer la qualité du travail des producteurs et ainsi maintenir cette filière laitière en déprise depuis quelques années sur notre territoire » indique Patrick Roulleau, président de l’Association Centrale des Laiteries Coopératives des Charentes et du Poitou (ACLCCP). « A ce jour, deux tiers des exploitations céréalières du Gers ne dégagent pas de revenu. Ce projet représente pour nous la promesse d’être considérés et rémunérés dignement. Il apporte des perspectives, de la visibilité et une certaine pérennité à nos exploitations » déclare Florent Estebenet, agriculteur et administrateur de la coopérative agricole Vivadour dans le Gers. « Nous avons utilisé les leçons de nos filières historiques pour créer ce nouveau cahier des charges adapté à la France, en dialoguant avec les producteurs. Alors que tout le monde parle de garantir un prix juste, transparent et supérieur aux coûts de production à l’agriculteur, nous le proposons aujourd’hui concrètement et de façon territorialisée » estime Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France.

Le Nord et le Sud solidaires dans des produits nouveaux

Parce que le commerce équitable porte des valeurs universelles, le développement d’une production française certifiée Fairtrade Max Havelaar sera également un levier de croissance pour les filières historiques du Sud. Les nouveaux ingrédients blé et lait complèteront les ingrédients équitables habitues produits hors de France (cacao, fruits exotiques, sucre de canne, café). De nouvelles catégories équitables de produits seront rendues possibles, là où cohabitent lait et vanille, blé et pépites de chocolat : yaourts, crèmes dessert, viennoiseries, pâtisseries, biscuiterie. « Plus d’ingrédients certifiés permettra la création de produits nouveaux, cela favorisera une solidarité de fait entre agriculteurs fragilisés au Nord et au Sud, et garantira un juste prix à l’agriculteur, où qu’il soit » souligne Blaise Desbordes.

Un constat préoccupant

Il y a des chiffres qui ne trompent pas : 30,1 % des exploitations en céréales et grandes cultures, 21,5 % en polyculture élevage et 14,9 % des exploitations en production de bovins (dont lait) étaient déficitaires en 2017 (Insee, 2019). Les agriculteurs travailleraient 53,3 heures par semaine (Insee). Dans certaines régions comme Poitou-Charentes ou l’Alsace, les éleveurs laitiers ne peuvent se payer un revenu équivalent au SMIC. C’est aussi le cas, par exemple, en région Occitanie pour les céréales. Dans dix ans, la moitié des agriculteurs auront l’âge de la retraite tandis que le taux de reprise d’exploitation chute chaque année. Le taux de suicide agricole est 12,62 % supérieur au reste de la population (MSA 2015). La déprise agricole de certains territoires aggrave la situation des agriculteurs qui restent. Cette fragilité économique empêche nombre d’entre eux de se mettre sur le chemin de la transition écologique. Les principales causes de cette situation inquiétante sont proches de celles qui ont motivé la création des premières filières équitables il y a trois décennies : déséquilibre du rapport de force entre producteurs et acteurs en aval de la chaine de production, fixation des prix par des marchés internationaux, volatilité des prix génératrice d’incertitude, pression constante sur les prix sans considération pour les coûts de production réels…

Une enquête d’opinion conforte l’initiative

A l’occasion de la vingtième édition de la Quinzaine du Commerce Equitable au mois de mai dernier, Max Havelaar a souhaité donner la parole sur l’agriculture aux Français via un sondage OpinionWay.

L’étude « Les Français et le soutien à l’agriculture » (Sondage OpinionWay pour Max Havelaar France) a été réalisée  par questionnaire en ligne du mercredi 14 au jeudi 15 avril 2021 auprès d’un échantillon de 1001 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La moitié des sondés (52 %) juge globalement négatif l’impact de la crise sanitaire pour l’agriculture française, un quart l’estime même très négative. Cependant, si la crise a empiré la situation des agriculteurs, leurs difficultés datent d’avant celle-ci, et les deux principales raisons qui pénalisent le plus l’agriculture française sont, pour 67 % des Français, les prix bas imposés aux agriculteurs par les intermédiaires et les distributeurs, et pour 63 % la concurrence avec d’autres pays aux normes moins contraignantes. Conscients des enjeux, les Français reconnaissent aussi l’existence de solutions dont il se rendent acteurs lorsqu’ils le peuvent. En tête des actions jugées les plus positives pour l’agriculture française, se trouvent la consommation de produits made in France (62 %), le respect d’un prix payé aux agriculteurs qui couvre bien leurs coûts de production (53 %), une meilleure reconnaissance des agriculteurs qui respectent l’environnement (46 %) et le développement de marques et labels leur garantissant une juste rémunération (39 %). Les Français se sont largement emparés des moyens dont ils disposent pour soutenir l’agriculture française. 81 % des personnes interrogées déclarent avoir agi pour soutenir l’agriculture dans leur consommation alimentaire, contre 17 % qui n’ont pas modifié leurs habitudes alimentaires pour soutenir l’agriculture. Dans le détail la moitié des interviewés déclare acheter davantage de produits made in France et 36 % avoir acheté davantage de produits français garantissant un prix juste aux agriculteurs. Un tiers (32 %) a acheté des produits directement auprès des producteurs sur les marchés.

Les principales garanties du standard Fairtrade/Max Havelaar pour les filières blé et lait

Pour les producteurs et productrices :

  • Un prix minimum payé aux agriculteurs et défini sur la base des prix de revient. Une prime financée par l’ensemble des maillons en aval de l’organisation de producteurs, gérée collectivement par les producteurs et dédiée aux projets sociaux et à la transition écologique.
  • Un engagement de l’ensemble de la filière sur des contrats pluriannuels.

Pour améliorer l’impact de l’engagement des acteurs de la filière équitable :

  • Certification destinée aux agriculteurs vulnérables des territoires vulnérables. Certification destinée aux agriculteurs jeunes installés. •Certification conçue pour soutenir la transition écologique.
  • Certification adressée aux agriculteurs organisés collectivement.

Support de l’organisation collective aux producteurs :

  • Accompagnement pour atteindre les exigences de la certification.
  • Formation à des pratiques plus durables.

Pour l’environnement et la santé humaine :

  • Contrôle du respect du cadre réglementaire environnemental.
  • Critères articulés avec la certification Haute Valeur Environnementale – HVE.
  • Encadrement de l’utilisation des produits phytosanitaires.
  • Exigence évolutive sur les marqueurs transition écologique (utilisation des produits phytosanitaires, fertilisation, stockage des effluents d’élevage, utilisation de l’eau, couverture des sols, entretien des espaces de biodiversité, alimentation animale, bientraitance animale…).

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