Le titre de la conférence d’Émily Mayer, directrice des études de Circana France (« Décoder hier pour mieux préparer demain, enjeux et perspective pour le commerce réunionnais ») ne peut mieux convenir pour qualifier dans son ensemble StratCo Run 2025. Cette quatrième édition du congrès a fait salle comble une nouvelle fois le 25 septembre dernier à Saint-Paul. Plus encore que les années précédentes, il a montré sa pertinence de réunir les entrepreneurs du commerce et de l’industrie dans une ambiance à la fois réfléchie et conviviale pour envisager l’avenir. Quelle direction suivre en effet ? StratCo Run 2025 a contribué à répondre à cette question grâce à Émily Mayer, qui a situé l’année 2025 dans le cours des crises successives et des évolutions sociétales qui transforment les manières de consommer et de faire du commerce.
D’hier à aujourd’hui
2016 : première année de la déconsommation.
2017 : baisse des volumes en GSA, préoccupations sur la qualité (succès de l’appli Yuka), guerre des prix et des promotions.
2018 : fragmentation et hybridation de la consommation avec l’émergence d’autres circuits.
2019 : montée de l’écologie, de la bio, de la consommation responsable.
2020 : la pandémie, la fin du confinement et l’explosion des volumes jusqu’au reflux courant 2021.
2022 et 2023 : l’explosion des prix (+6 % en 2022, +13 % en 2023).
2024 : désinflation, mais volumes toujours en panne.
2025 : amélioration de la situation.
La grande distribution en question
En 2025, le binôme hypermarché-supermarché reste dominant dans l’univers du commerce, mais nettement moins qu’il y a dix ans (de trois quarts à deux tiers). Le chiffre d’affaires du non-alimentaire a reculé de 16 % sur dix ans. La grande distribution a resserré son offre de PGC-FLS * sur l’alimentation solide.
Ventes : les « plus » et les « moins »
En recul : le lait, les produits coiffants, les lames de rasoir (beaucoup d’hommes ne se rasent plus), le maquillage, les spiritueux, le vin rouge. En hausse : la bière, les boissons sans alcool, les boissons moins sucrées, le végétal, le bio (chiffre d’affaires multiplié par 2,4 en dix ans), le snacking.
L’impact démographique
La population vieillit, la natalité décline. Le nombre de foyers d’une personne atteint 37 % en métropole en 2025. Estimation en 2030 : 42 %. La part des 65 ans et plus est de 22 % (11 % des Français ont entre 65 et 75 ans). La consommation s’en ressent. Produits contre l’incontinence : +50 % en dix ans. Couches pour bébé -18 %. Aliments infantiles : -23 %. À La Réunion, en 2050, plus d’un tiers des Réunionnais auront 50 ans et plus.
Les erreurs à éviter
• La réduction de l’offre et du choix en rayon (ce n’est pas une demande des consommateurs).
• Les promotions complexes et mal exécutées (les consommateurs n’ont pas le sentiment de faire des économies).
• Le déficit d’innovation (l’innovation stimule les marchés et en crée de nouveaux).
• La dégradation de l’expérience client en magasin.
Les solutions pour accompagner la reprise
• L’accessibilité prix : elle reste le point clé.
• L’affinité de l’offre : l’assortiment national unique n’a plus de sens. Il faut adapter l’offre à la démographie, à la taille des foyers, aux territoires, aux quartiers.
• Limiter les ruptures en rayon (1,5 milliard d’euros de pertes estimées au premier semestre 2025).
• Mettre en avant les produits porteurs : la nutrition sportive, l’offre responsable, le snacking, le tout prêt, les produits qui « cartonnent » sur les réseaux sociaux.
• Le merchandising et le travail catégoriel doivent faciliter la vie des clients : meilleure visibilité des innovations, meilleure exécution avec les forces de vente, courses par recettes, e-commerce, livraison à domicile, etc.
* PGC-PLS : produits de grande consommation – produits frais libre service.
