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lundi 6 mai 2024

Initiative Réunion veut soutenir davantage d’entreprises

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Le réseau de soutien aux créateurs d’entreprise Initiative Réunion a marqué ses 30 ans en mai dernier en tenant son assemblée générale annuelle en présence de Guillaume Pepy, l’ancien président de la SNCF qui préside aux destinées d’Initiative France, le réseau national. Un soutien de poids aussi pour lancer les discussions avec la Région Réunion en vue d’accroître ses moyens de financement.

« À la suite du passage de M. Guillaume Pepy, et des différentes rencontres réalisées, notamment avec la présidente de Région, Mme Huguette Bello, nous travaillons actuellement avec les services de la Région, afin de pouvoir redoter le fonds de prêts d’honneur de l’association, pour pouvoir renforcer notre capacité d’engagement et répondre encore davantage aux besoins des entrepreneurs réunionnais », déclare Dominique Sery, directeur des opérations d’Initiative Réunion. La création d’entreprise a le vent en poupe, à La Réunion comme ailleurs, et le cap des 30 ans a été l’occasion, pour Initative Réunion, de rappeler son rôle dans ce mouvement en croissance continue. Née en 1992, anciennement « Réunion Entreprendre », Initiative Réunion est l’une des 207 associations indépendantes qui se sont, depuis, constituées en réseau au plan national (métropole et DOM) pour former Initiative France. Une façon de donner plus de poids et d’efficacité à leur action en profitant de leurs expériences mutuelles. Ce réseau est devenu aujourd’hui l’un des principaux dispositifs de soutien à la création d’entreprise en France et, plus précisément, dans chaque région.

La recherche d’un effet boule de neige
Comme le montrent les chiffres (voir encadré), l’association réunionnaise n’est pas en reste. Pour autant, l’esprit des débuts, c’est-à-dire aussi la mobilisation bénévole d’entrepreneurs en exercice pour soutenir des projets, n’a pas changé. Le président d’Initiative Réunion, Jacques Guillamot, ancien directeur du groupe Macoré et du groupe Caillé, aujourd’hui retraité, a tenu à le souligner : « Nous n’avons pas varié dans notre raison d’être : aider les porteurs de projet à créer leur entreprise. Nous les accompagnons, du montage de dossier en amont au conseil de gestion en aval, et nous les finançons en accordant un prêt d’honneur personnel qui permet de constituer le fonds propre nécessaire pour emprunter auprès d’une banque et bénéficier d’autres aides. C’est l’effet boule de neige. » Quelque 3 500 entreprises ont bénéficié de ce système en 30 ans (320 en 2021). Le taux de pérennité des projets à cinq ans, près de 90 %, montre que les chefs d’entreprise bénévoles composant le comité des prêts d’Initiative Réunion ont en général vu juste. Le nombre d’emplois, maintien ou création, attaché à cette action est estimé à 6 300. Initiative Réunion mène par ailleurs des programmes d’accompagnement spécialisés pour soutenir la création d’entreprise des femmes (Vis ma vie d’entrepreneuse, Pop-Up « 0 » Féminin, Challenge des Porteuses an’ activité), des jeunes, des demandeurs d’emploi (La fabrique à Entreprendre, La Boutique à l’essai), en privilégiant les quartiers prioritaires.

L’ambition d’accompagner 1 000 porteurs de projet
« Nous aurions fait plus avec plus de financement » estimait encore Jacques Guillamot lors de cet anniversaire. C’est l’objectif désormais : faire plus. La formule ayant fait ses preuves, Initiative Réunion souhaite monter en puissance et pouvoir accompagner mille porteurs de projet dès cette année. L’argent des prêts d’honneur provient principalement de la Région Réunion, gestionnaire du Fonds européen de développement régional (FEDER). Il ne s’agit pas d’une subvention, mais d’une mise à disposition de fonds. Prêté aux porteurs de projet, cet argent tourne incessamment en étant remboursé – 88 % de taux de remboursement -, pour être réinvesti dans d’autres projets. Avec cette boucle, le fond se perpétue. Initiative Réunion exploite ainsi le même fonds depuis 2013, les pertes étant limitées aux défauts de remboursement. Sur le principe de financement, pas de changement, mais pour atteindre son nouvel objectif, l’association a besoin de davantage de moyens. Dans ce but, Guillaume Pepy préconise un abondement annuel du fond des prêts d’honneur plutôt qu’un versement unique. C’est l’objet des discussions en cours avec la Région Réunion.

Une aventure humaine
Au-delà des chiffres, l’engagement d’Initiative Réunion au côté des porteurs de projet témoigne d’une aventure humaine. Pour ses 30 ans, Initiative Réunion avait invité deux jeunes entrepreneurs dont la réussite est aussi une fierté. Ingénieur du BTP, Jacques Christophe Abott a fondé la start-up Feelbat. Spécialisée dans la détection des fissures et mouvements dans les structures du bâti ou les sols, Feelbat a conçu un nouveau type de capteurs électroniques et de jauges mécaniques ultra-sensibles connectés à une application. Plus précis et simples d’utilisation, ces matériels permettent le repérage et le suivi en temps réel des anomalies depuis un smartphone. Des capteurs de haute précision Feelbat surveillent ainsi le rempart du piton Maïdo fragilisé par les incendies. « Je fais ce que je voulais depuis toujours » confie Jacques Christophe Abott, auquel Initiative Réunion a accordé un prêt de 25 000 euros pour se lancer. « Déjà très jeune, je voulais être chef d’entreprise », lui fait écho Ludovic Chan Thu, fondateur d’Electricité Câblage Océan Indien, spécialisé dans la pose et le SAV de la fibre optique, et les câblages informatiques et de recharge de véhicule électrique. Ayant débuté seul avec l’aide d’un apprenti en 2017, Ludovic Chan Thu emploie aujourd’hui 25 personnes, fort d’un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros en 2021. L’aide initiale d’Initiative Réunion, 15 000 euros, lui a servi de premier tremplin.

INITIATIVE RÉUNION EN 2021

•Cinq lieux d’accueil répartis sur l’ensemble du territoire.
•19 salariés et plus de 70 experts bénévoles.
•918 entrepreneurs ont pu créer, reprendre, développer ou sauver leur entreprise l’année dernière grâce au soutien d’Initiative Réunion.
•En moyenne, un euro de prêt d’honneur génère 3,1 euros de prêt bancaire. En 2021, 4,3 millions d’euros ont fait levier sur 13,6 millions d’emprunts bancaires.
•36 % des projets d’entreprises sont portés par des femmes.
•23 % des entrepreneurs ont moins de 30 ans.
•52 % des entrepreneurs financés et accompagnés étaient sans emploi au moment de la demande de création.

INITIATIVE FRANCE EN 2021
•61 532 porteurs de projet accueillis et orientés.
•29 261 entrepreneurs accompagnés et financés.
•37 351 nouveaux emplois créés.
•178 millions d’euros de prêts d’honneur.
•1,79 milliard d’euros de prêts bancaires en complément des prêts d’honneur.

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