Le reporting de durabilité va s’imposer progressivement à toutes les entreprises. Ce qui peut être perçu au premier abord comme une contrainte s’avère être riche d’opportunités. Aurore Damiani et Nicolas Aubrun, associés Advolis Orfis, membre indépendant de Walter France, expliquent comment les indicateurs ESG (Environnement Social Gouvernance) peuvent être un levier de performance pour les entreprises, et le rôle central de la fonction financière dans la démarche.
La nécessité de préserver les ressources de la planète et de lutter contre les changements climatiques a été actée en 2015 lors de la signature de l’accord de Paris pendant la COP 21. Depuis cette date, plusieurs directives européennes ont été édictées avec l’objectif de mettre en avant les enjeux de durabilité, de renforcer la place de la RSE dans les entreprises, et de mettre au même niveau les reporting financier et « extra-financier », également appelé reporting de durabilité. Les entreprises doivent connaître le contexte réglementaire, s’approprier les indicateurs ESG pour les intégrer dans une stratégie de performance, et s’organiser en interne en s’appuyant sur les fonctions financières.
Un contexte réglementaire en évolution
Les objectifs du Green Deal européen du 7 juin 2021 sont clairs : atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et accompagner l’ambitieuse stratégie européenne en matière de finance durable. Dans le cadre du plan Finance durable, l’Europe a fixé trois objectifs : réorienter les flux de capitaux vers des investissements durables ; intégrer la durabilité dans la gestion des risques ; favoriser la transparence et une vision à long terme. Ces objectifs se déclinent en dix actions, dont quatre ont un impact direct sur les métiers de la finance : établir une taxonomie des activités durables ; créer des standards et des labels sur les produits financiers verts ; améliorer la transparence du reporting en matière de durabilité ; clarifier les devoirs des investisseurs et des gestionnaires d’actifs en matière de durabilité.
Taxonomie et directive CSRD : deux textes essentiels
La taxonomie européenne est un texte réglementaire adopté par l’UE en 2020. Elle classifie les activités économiques selon leur impact environnemental afin d’orienter les investissements vers celles qui sont le moins polluantes. La taxonomie est l’un des textes 
Bientôt toutes les entreprises seront concernées
Pour l’instant, ce sont surtout les entreprises cotées (« EIP ») dépassant certains seuils qui sont soumises à ces obligations. Mais, attention, toutes les entreprises doivent se préparer, pour deux raisons. Première raison : les seuils d’obligation (nombre de salariés, chiffre d’affaires et total du bilan) ont été revus à la baisse, qu’il s’agisse de sociétés cotées ou non. Deuxième raison : une PME ne rentrant pas dans les critères « d’obligation » pourrait bien se voir pénalisée dans le cadre d’un appel d’offres si ce dernier intègre, comme c’est de plus en plus le cas, des questions sur les engagements de la société en matière de durabilité. Et même sans appel d’offres, de plus en plus d’entreprises vont demander à leurs prestataires qu’ils soient « volontairement » conformes à ces obligations afin de pouvoir intégrer dans leur propre rapport de durabilité l’ensemble de leur chaîne de valeur. Mieux vaut donc s’y mettre sans attendre !
La performance de durabilité a un impact sur la valeur de l’entreprise
Voici encore une raison pour que toutes les entreprises travaillent sur le sujet et qui illustre parfaitement l’imbrication entre durabilité et valorisation. Une entreprise qui ne prendrait pas en compte la demande des consommateurs ou, plus largement, des parties prenantes en matière d’environnement, par exemple en ne proposant pas une deuxième vie à ses produits, pourrait se voir « pénalisée » et subir une décote financière. Cela s’est déjà produit pour des sociétés cotées, et aucune entreprise, même d’une taille plus modeste, n’est à l’abri.
LE REPORTING DE DURABILITE, VECTEUR D’OPPORTUNITES
Quatre opportunités en particulier s’offrent aux entreprises qui se lancent dans une démarche ESG : réaliser des économies en réduisant leur impact environnemental, attirer les jeunes sensibles aux enjeux ESG, satisfaire les attentes des consommateurs, accéder à de nouveaux financements.

LE ROLE CLE DES FONCTIONS FINANCIERES
Le DAF – directeur administratif et financier – et la direction financière au sens large ont un rôle prépondérant à jouer dans la production du reporting de durabilité des entreprises pour en assurer la fiabilité et la cohérence.












