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mercredi 24 avril 2024

Bourbon Bois Expérience inaugure la première usine sans déchet de La Réunion

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Le spécialiste de l’habitat en bois, héritier des cases Tomi, concrétise son renouveau dans des locaux flambant neufs sur la zone d’activité Roland-Hoareau de Pierrefonds. Mettant en œuvre une vision ambitieuse et responsable de l’entreprise, sa présidente-directrice générale, Morgane Osta Amigo, fait le choix d’un outil de production qui ne générera aucun déchet, dimensionné pour le marché local et pour l’exportation.

Morgane Osta Amigo, fondatrice de BBE.

 

Leader Réunion : Que vous apporte cette nouvelle installation?
Morgane Osta Amigo : Avec cette nouvelle installation, nous allons pouvoir développer l’industrialisation de notre production dans des locaux adaptés. L’ancien propriétaire, le groupe Le Villain, avait externalisé la fabrication en Malaisie, et seul l’assemblage final avait lieu à La Réunion. Lorsque j’ai racheté la marque et le système constructif en 2018, j’ai décidé de ramener la fabrication localement et de l’industrialiser pour pouvoir la développer. L’idée était de bénéficier des avantages de circuits courts et de compétences locales pour mener de nouveaux projets. Je veux faire rayonner cette usine à La Réunion, mais aussi à l’export. Notre avenir passe par l’exportation. J’aimerais que Bourbon Bois devienne une franchise dans l’océan Indien. En partenariat avec des architectes mahorais et parisiens, nous réalisons un premier projet à Mayotte, où nous allons envoyer des structures de bois qui seront montées sur place par des artisans locaux. Enfin, grâce à cette nouvelle installation, nous pouvons développer des activités annexes et connexes. Par exemple, je monte une petite école de formation professionnelle destinée à répondre à nos besoins en interne : Thémis l’école 2.0. Nous dispensons deux premières formations au montage de systèmes bois et au montage de structures métalliques. Avec ces formations, nous faisons face par nous-mêmes à la pénurie de main-d’œuvre et au manque de formations adaptées à nos métiers.

Vous allez augmenter vos capacités de production et développer de nouveaux produits d’habitat?
Absolument. Nous avons changé notre système productif, et de nouveaux brevets ont été déposés. Nous fabriquons désormais des produits pour l’habillage des maisons, que nous achetions jusque-là. Mais les choses vont surtout changer à partir de la mi-janvier avec l’entrée en service d’un nouveau système d’aspiration des poussières qui nous permettra d’utiliser notre centre d’usinage en pleine capacité. Grâce à cet équipement, nous allons multiplier notre production par cinq.

Votre usine ne générera aucun déchet de production. Comment parvenez-vous à ce résultat?
Nos déchets de production se composent des sciures et des chutes de bois. Nos sciures de bois seront récupérées pour deux usages. D’une part en litière pour des chevaux. D’autre part pour créer un nouveau matériel de construction dont le dépôt de brevet est en cours. Ce matériel issu de nos déchets de production nous permettra de concevoir de nouveaux produits, je ne peux pas en dire plus pour l’instant. Avec nos chutes de bois, nous réalisons de petits objets de décoration, du petit mobilier, de petites étagères, etc. Ils seront proposés dans un espace de vente qui ouvrira en début d’année. Nous n’aurons ainsi plus de pertes de bois.

Vous défendez une éthique productive de l’entreprise. Qu’est-ce qu’une entreprise responsable selon vous?
Les deux points essentiels, ce sont l’attention aux déchets et l’attention au personnel. En faisant une valeur positive de ce qui était considéré jusque-là comme un rebut, nous nous plaçons dans une logique d’économie circulaire. En portant attention à la formation et à l’accompagnement des personnes, nous sommes dans une logique d’économie solidaire. Ce qui est une nécessité pour l’entreprise est un atout pour les jeunes, qui vont apprendre un métier et acquérir des compétences, notamment le travail en équipe.

Après avoir repris certains actifs de Bourbon Bois, vous avez conservé les emplois et renouvelé la relation client en tenant compte de ce que le client peut faire lui-même. Où en êtes-vous de cette approche?
Il nous arrive de ne fournir que la structure en bois de l’habitat à des clients artisans qui réalisent tout l’aménagement intérieur. Pour les particuliers, nous allons proposer des premiers cours d’autoconstruction en ligne au début de l’année prochaine. Ils porteront, pour commencer, sur de petites choses : abris, pergolas, etc. Cette nouvelle activité de Bourbon Bois est rendue possible grâce à nos nouveaux locaux. Permettre que de menus travaux non soumis à assurance décennale soient réalisés par les gens eux-mêmes me paraît une solution pour contenir les prix dans un contexte économique qui va se durcir en 2023. Je pense même que c’est l’avenir de l’amélioration de l’habitat. Je souhaite développer cette possibilité par la formation en ligne.

Bourbon Bois était une entreprise moribonde quand vous avez relancé son activité, il y a quatre ans. Comment expliquez-vous un succès aussi rapide?
Je suis repartie de zéro. En modernisant le système constructif, j’ai pu proposer des maisons plus variées et de meilleure qualité que les anciennes maisons de Bourbon Bois. Les hauteurs sous toit ont été augmentées. Les performances énergétiques de l’habitat ont été améliorées, alors que les anciennes maisons de Bourbon Bois n’étaient pas isolées. Nous sommes partis sur de nouveaux matériaux, de nouveaux processus de fabrication. Pour le faire savoir, j’ai beaucoup communiqué. J’ai fait beaucoup de vidéos sur Facebook à une époque où le personnal branding n’était pas connu à La Réunion. Ma communication a beaucoup d’impact.

Comment se porte l’entreprise en cette fin d’année 2022 avec l’inflation des coûts de production et les problèmes d’approvisionnement?
Les coûts des matériaux de construction sont explosifs ! Il faudra encore du temps avant que les productions en Europe retrouvent un rythme et des conditions normales. C’est difficile, mais nous tenons. Globalement, je dirais que nous avons rééquilibré notre activité entre l’habitat social, où les prix sont restés plafonnés, et le secteur privé.

Sur un investissement de trois millions d’euros, votre projet a bénéficié d’une aide de 800000 euros du programme France Relance. Auriez-vous pu le mener à bien sans France Relance?
Non. Pas de la même façon et pas aussi bien. Je n’aurais réalisé qu’un bâtiment basique qui ne m’aurait pas permis de faire tout ce que je vais pouvoir faire à présent pour développer l’entreprise.

UNE NOUVELLE PAGE DE L’HISTOIRE DE BOURBON BOIS
Inventeur des fameuses cases Tomi, ancien symbole de l’habitat social réunionnais, Maurice Tomi fonde Bourbon Bois en 1961. En 1989, l’entreprise est rachetée par le groupe guadeloupéen Le Villain. Celui-ci justifie la fermeture de Bourbon Bois en 2018 par la réforme de l’APL « Accession au logement » permettant aux foyers modestes d’accéder à la propriété. Ancienne experte en valeur immobilière, Morgane Osta Amigo se lance dans l’entrepreneuriat en rachetant les marques et brevets de Bourbon Bois pour relancer l’activité installée au Port. Quatre ans plus tard, Bourbon Bois Expérience, son nouveau nom, compte 17 salariés et a fait construire, à Pierrefonds, un nouveau site de 5 000 m2 regroupant son outil de production, ses bureaux et un espace polyvalent à la fois showroom, lieu de formation et boutique.

Olivier Soufflet

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